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La conception de ce nouvel éco-quartier, dont la livraison est prévue en 2025, est la première du genre à Monaco. Retour sur un défi à la fois technologique et environnemental.
Une superficie limitée et des avancées successives sur la mer
En raison d’un territoire exigu et d’une densité de population élevée, Monaco a fait le choix de s’étendre sur la mer grâce à l’aménagement de terre-pleins. Les premiers travaux sont réalisés en 1907, plusieurs travaux d’aménagement ont été menés. D’abord minime, cette expansion géographique prendra davantage d’ampleur sous le règne du prince Rainier III, surnommé le « Prince Bâtisseur » et continue aujourd’hui sous l’impulsion de son successeur, le prince Albert II.
Le terre-plein du Portier (qui accueille aujourd’hui le Forum Grimaldi et le Jardin japonais) a été réalisé en 1958-61. S’ensuivirent les terre-pleins du Sporting (1961-67) et de Fontvieille (1965-71), la création de la plage artificielle du Larvotto (1965-67) et l’extension du port Hercule. Au total, ces aménagements ont permis de gagner 50 hectares sur la mer, ce qui représente près de 25 % du territoire monégasque actuel.
Un nouveau quartier à Monaco : l’Anse du Portier
En 2015, dans la lignée des travaux précédents, un nouveau projet a été adopté par le gouvernement pour créer un onzième et dernier quartier monégasque : l’Anse du Portier. Pour cela, 6 hectares vont être à nouveau gagnés sur la mer Méditerranée.
À terme (la fin des travaux est prévue pour 2025), cet éco-quartier accueillera 60 000 m² de logements de luxe (5 immeubles et 14 villas), des immeubles de bureaux et de commerces, permettra d’agrandir le Forum Grimaldi, un parking public souterrain, un port d’animation, un parc végétalisé et une promenade littorale.
Le défi initial était de construire de nouvelles zones aménageables tout en réduisant au maximum l’impact de ces travaux sur l’environnement marin.
Des aménagements sous-marins d’ampleur
Le 30 juillet 2015, le gouvernement princier a signé un traité de concession du projet à la SAM Anse du Portier. Celle-ci s’est associée à l’entreprise Bouygues Travaux Publics, dont l’expérience en matière d’aménagements fluviaux et maritimes a déjà fait ses preuves.
La livraison initiale était prévue pour 2015, mais les travaux ont connu des retards et ce nouvel ensemble immobilier devrait finalement être achevé en 2025.
En 2016, des travaux d’aménagement ont débuté. Les équipes de Bouygues TP ont d’abord dragué les sédiments. En octobre 2016, ils avaient retiré 650 000 m3 de sable.
Entre Monaco et Marseille, la construction, l’acheminement et la pose des caissons ont mobilisé plus de 1000 personnes.
Une fois les caissons posés, le remplissage a commencé. 440 000 tonnes de sable prélevées sur une dune sous-marine en Sicile forment à présent les fondations du nouveau quartier.
Une conception durable et respectueuse de l’écosystème marin
Conscient de l’impact d’un tel projet sur l’écosystème, le gouvernement princier s’est attaché à édifier un éco-quartier respectueux de la faune et de la flore sous-marines dans une logique de développement durable. C’est l’un des projets les plus ambitieux d’Europe en la matière.
Il faut dire que le nouveau quartier de l’Anse du Portier est situé entre deux réserves marines protégées : la réserve du Larvotto abritant les herbiers de Posidonie et la réserve des Spélugues accueillant un tombant coralligène.
Tout au long des travaux, de nombreux relevés ont permis de mesurer la qualité de l’eau. De même, des travaux préparatoires ont permis de préparer le déménagement des 500m² d’herbiers de Posidonie.
Par ailleurs, l’ajout de structures sous-marines artificielles permet de se fondre dans l’écosystème marin. Les caissons de la ceinture de protection ont été conçus de manière à favoriser leur colonisation par des espèces marines. Les parois des caissons offrent beaucoup d’anfractuosités et de reliefs identiques à ceux des roches sous-marines méditerranéennes. De même, des habitats artificiels ont été disposés au fond des caissons afin d’accueillir la vie sous-marine.
Pour savoir si cette stratégie s’avèrera payante, il faudra attendre une dizaine d’années. Il s’agira notamment d’évaluer le maintien de la qualité de l’eau, la préservation des ressources maritimes et la réduction des nuisances.
Pour les autorités monégasques, il s’agit également d’obtenir la certification HQE Aménagement, le label Biodiversity, le label Port Propre ou encore le label britannique BREEAM relatif à l’évaluation environnementale des bâtiments.
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